J'ai adoré ce film, Trust Me, dans lequel Martin Donovan nous assène cette phrase pure et crue : la télévision donne le cancer ; et j'ai toujours trouvé que d'une certaine façon, c'était vrai.
Autrefois, citer ce film, c'était pour moi l'occasion de faire un trait d'esprit avec une référence dont j'étais fière (il m'en faut peu), c'était aussi manière de me justifier quand je n'étais pas d'accord avec quelqu'un (ce qui arrivait souvent) ou quand j'avais juste envie de me démarquer (si vous avez déjà été adolescent, vous savez de quoi je parle), alors je répétais souvent : la télévision donne le cancer.
Oubliée depuis longtemps (quel dommage, d'ailleurs, je vais me refaire ce film ce soir sans faute), cette citation m'est revenue en tête, aujourd'hui, quand, observant ma progéniture regarder la télévision, j'ai failli m'étouffer d'apoplexie cérébrale (si, si, ça existe).
Chez nous, on regarde pas mal la télévision, notre appartement comporte une collection non négligeable de dvd, cassettes vhs, dico du cinéma et autres coffrets collectors cultes, mais au final, on regarde assez peu, voire pas, "les chaînes".
"Les chaînes".
Je suis désolée, je suis snob, mais ça me dégoûte, les "chaînes" et les émissions. Tout ce brillant, ce dégueulis de bruit, d'applaudissements, de gloussements, de saturation de la lumière me donnent envie de me rentrer un tournevis dans l'oreille et de tourner très fort. Mais bon, j'ai pas envie de passer pour un ayatollah, du coup, je prends sur moi et je laisse mon homme et mes gosses mater leurs trucs.
Mais ce matin... c'était trop.
Mon môme mate son dessin animé (nul à chier d'ailleurs, avec une morale de merde - à croire qu'on n'a pas le droit d'avoir simplement du plaisir, non, il faut apprendre à être un bon camarade, un bon citoyen, un bon élève, j'en passe, et ce, même quand on regarde à quatre ans et demi un putain de dessin animé à neuf heures dix-huit entre le chocolat chaud et la tartine) (je m'énerve mais putain, ça me gave!) donc mon môme mate son truc qui, bien sûr, est interrompu au bout de cinq minutes top chrono par une logorrhée publicitaire : et on y va, les céréales au chocolat dégueulasse, les barres du goûter saveur machin (en passant : le mot 'saveur' me file de l'urticaire), boissons sucrées bourrées de saloperies chimiques probablement dégueulasses, génératrices d'obèses décomplexés et dont les 'saveurs fruits' n'ont jamais vu un bout de nature, même en labo. Bref, de la pub, quoi, vous suivez, j'en suis sûre.
ET SOUDAIN : le message de Dieu : il faut manger et bouger ; manger cinq légumes et fruits blablabla... Vous voyez quoi : ce truc de merde, le truc le plus ridicule que la télévision ait jamais émis - le plus hypocrite aussi. Donc ce message débile dégueule sa connerie et comme la télévision prend les gens pour des cons et les enfants pour des handicapés mentaux, il donne des exemples de fruits z'et légumes (au cas où, hein, on sait jamais - tuez-moi).
Et là, mon gosse me dit, fier de lui, qu'il aime bien les fruits (je m'arrête, interdite : QUOI? ce message de Dieu fonctionne? NOOOOON!!!!!!) et qu'en plus, il en connait plein (AAAAAAAAAH!!!! Arrête de citer ce message que je déteste!!!!!), il connait la pomme (je sue, je goutte, je n'en peux plus, tout ça en continuant à afficher ma mine de maman intéressée, oui oui, les fruits, mon chéri), la poire (mon coeur s'accélère, arrête de citer ce truc, putain, je ne PEUX PAS cautionner!!! Maman ne peut pas, chéri!!!!!), la tomate-cerise (urticaire, eczéma, boutons, démangeaison, il n'y a pas de mots assez forts), les tomates-bananes ( ! ), les tomates-noix (hein? .... quoi? .... je continue à sourire crispée, mais mon cerveau lâche un peu de vapeur, le môme, lui continue à réciter sa leçon), la tomate-orange (je me détends, je me détends, continue, mon petit, continue), la tomate-blabla (un gosse de moins de cinq ans, ça fait des longues listes et ça parle doucement, on peut donc penser à autre chose pendant qu'il parle, d'où "blabla" parce que là, j'ai arrêté d'écouter sa liste).
AHAA!!!! La télévision n'a pas gagné, sa leçon de merde n'a pas pris, les gosses ne comprennent pas ce message dégénéré pour politicien qui dort mal la nuit, et en plus, ils en retiennent n'importe quoi : je peux donc encore dire avec raison, plaisir et snobisme que la télévision file un putain de cancer, celui du cerveau de surcroit, et toc!
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